DISCUSSANTS DEBATEDORES
Déterminisme et prédétermination
Determinismo e predestinação
Henri Atlan
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris. Hospital Hadassah, Jerusal. atlan@ehess.fr
Jai lu larticle Humanismo, liberdade e necessidade: compreensão dos hiatos cognitivos entre ciências da natureza e ética, de Ana Maria Coutinho Aleksandrowicz et Maria Cecília de Souza Minayo dans sa version en anglais et je le trouve bien fait. Malgré ma réaction positive à larticle, je veux faire une remarque sur le temps et léternité spinozistes et la « prédétermination » (dans le temps) différente de la « détermination » et du « déterminisme » sous une espèce déternité.
Cette remarque concerne la confusion qui sétablit souvent entre les notions de « déterminisme » et « déterminé » et celles de « prédétermination » ou de « prédeterminé » qui font penser aux notions théologiques de « prédestination » ou de « prédestiné ». Cette distinction est très importante pour une raison précise. Le déterminisme absolu de Spinoza et celui auquel je me rallie nest pas une prédétermination, car il ne se situe pas dans le temps, comme si les choses étaient écrites dans le passé, avant quelles narrivent. Les choses sont déterminées « de toute éternité », cest-à-dire de façon intemporelle, comme des vérités mathématiques. 2+2 = 4 est vrai de façon intemporelle. Cette notion déternité chez Spinoza est très importante. Elle fait lobjet dune définition particulière dans lEthique où elle est distinguée de la « durée » qui nest pas autre chose que lexistence et du temps qui est la façon imaginée, en fait, illusoire, que nous avons de nous représenter la durée. Tout cela est une clé pour comprendre nos expériences à la fois du déterminisme et des choix. Grâce à la connaissance rationnelle, nous connaissons les choses « sous une espèce déternité » comme des vérités mathématiques, vraies en dehors du temps. Nous faisons en ce sens lexpérience de léternité, comme il le dit lui-même, ce qui ne veut pas dire lexpérience dune vie qui continuerait indéfiniment, dans le temps, y compris après la mort. Par ailleurs, notre existence est temporelle, bien que notre expérience du temps soit elle-même inadéquate, car très imprégnée "dimaginé ». Cest en tant que nous nous percevons dans le temps que nous faisons lexpérience illusoire de choix libres orientés vers lavenir. Ce point devrait être signalé, car il aide à résoudre la contradiction apparemment insurmontable entre notre connaissance du déterminisme et nos expériences de choix: elles ne se situent pas dans le même champ dexpériences par rapport au temps et à lintemporel. Je crois lavoir signalé moi-même, non seulement dans les « Etincelles de hasard" mais aussi dans « La science est-elle inhumaine ? »
Les auteurs remercient le Professeur Henri Atlan de sa lecture critique de larticle dans sa version en anglais faite par Waldéa Pereira Barcellos et Ana Maria Coutinho Aleksandrowicz et de son commentaire.
Publication Dates
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Publication in this collection
11 June 2007 -
Date of issue
Sept 2005